Vers les Iles Britanniques et l'Irlande

 Au départ de Camaret, un peu au sud de Brest , la route - c’est ainsi qu’on appelle l’itinéraire prévu, - passe entre les îles d’Ouessant , Sein et la pointe de la Bretagne.

 

  

Elle est réputée délicate ou difficile, les îles, îlots récifs sont nombreux mais leur balisage est bien fait et les conditions idéales. 

 

Je suis avec le flux de la marée, le vent pousse le bateau, j’ai déroulé le genacker, cette grande voile d’avant et hissé la grand voile. Nous progressons bien dans la bonne direction et le grand soleil contribue à une sensation de sérénité profonde.

 

 En fin d’après-midi, nous nous approchons du « rail » un espace virtuel mais présent sur toutes les cartes marines, qui délimite les zones où doivent circuler les navires de plus de 50 m de long, un trajet bilatéral comme une autoroute, pour limiter les risques de collision. Il faut le traverser au plus court cargos et pétroliers y sont prioritaires, et ils vont vite. Aujourd’hui je n’ai pas eu à me dérouter, les navires étant assez espacés.

 

    Par contre en pleine nuit, le pêcheur Sylvia Bowers m’a obligé à changer ma route pour le laisser passer, et comble , une fois dépassé, il fait demi tour revenant sur moi, pourchassant un banc de poissons, dans ces moments là un peu d’attention est nécessaire.

 

     Le reste de la nuit sera tranquille, je me réveille toutes les 20/25 minutes, pour surveiller l’horizon.

 

   L’atterrissage vers les Scilly sera très précis, l’électronique est une aide très précieuse et précise.

 

   Laisser le phare à droite/ babord , une bouée à gauche/tribord, un grand virage vers l’est et nous sommes arrivés à Ste Mary, la ville principale de l’archipel des Scilly, qui compte une vingtaine d’îles , de nombreux îlots et des récifs légendaires.

 

Un charme british, toujours un peu hors du temps, paysages campagnards, vues variées sur la mer, je parcours l’île avec mon vélo. Devant certaines maisons, un petit étal, des plantes en godet, des bulbes, des légumes, on se sert et dépose le prix de son achat, la confiance est là.

 

Deux incontournables, le pub Mermaid ( la sirène) avec son décor un peu kitsch...  J’y suis passé l’après-midi, l’ambiance était plus tranquille que lorsque les équipes de rameurs reviennent d’une course entre deux îles.

 

 

  Et le jardin botanique de Tresco, le climat très doux lié au Gulf Stream, permet des cultures presque sub tropicales.

 

   Établi sur une île dépendant d’une ancienne abbaye, avec des étangs d’eau douce , ce jardin plus que centenaire a atteint un niveau de maturité qui oblige parfois à remplacer des plantes trop âgées ou dont la taille est telle que les tempêtes les déracinent.

 

Tant de variétés de plantes, un tel niveau d’entretien, des vues ouvertes et des perspectives, des pelouses bordées de plusieurs étages de plantes qui se complètent ou s’opposent ou des sentiers serpentant entre des spécimens rares, un plaisir pour un amateur comme moi !

 

   Le reste de l’île est plus banal , encore que les bruyères en fleur , la lande les fougères, les étangs, autour desquels des abris ont été aménagés pour observer les oiseaux lors de leur migration lui confèrent un intérêt touristique.

 

 

   Il est temps de reprendre la mienne, vers la côte sud est de l’Irlande, j’avais envisagé d’aller plus à l’ouest, pour visiter cette intéressante région, mais des coups de vent annoncés risquaient de m’y bloquer et de me retarder dans ma progression.

     

C’est toujours en solitaire que je traverserai la mer celtique, en deux jours et une nuit, le faible vent de la matinée montera progressivement dans l’après-midi, m’obligeant à réduire la voilure, prendre un puis deux ris dans la voile et à rouler partiellement le foc, l’avantage , c’est une bonne vitesse, l’inconvénient : la mer se forme, une belle houle fait rouler le bateau, c’est inconfortable mais sans danger.

 

 Le vent mollira vers la fin de la nuit , je renvoie toute la toile, ah les manœuvres, ça occupe!

 

 Arrivée à Dunmore, ambiance irlandaise bien sympathique .

 

 

 Des falaises de grès rouge creusées de baies où se nichent maisons et hôtels, on sait encore travailler le chaume. 

 

Cela fait de belles maisons , tandis que les navigateurs perdus en mer ont droit à un hommage sculpté en leur mémoire.

 

 

Étape suivante Wexford, juste au dessus de la pointe sud est de l’Irlande.

 

Escale qui se mérite : située au fond d’une large baie très ensablée, le chenal balisé est constamment surveillé et les bouées de balisage déplacées suivant l’évolution des hauts fonds, le suivre nécessite une attention extrême, malgré le principe simple : bouée rouge à gauche , verte à droite.

 

Vu sur une carte, cela paraît limpide, sur le terrain c’est tout autre chose : cette rouge est elle avant ou après cette autre rouge, ah là il n’y a pas de verte en face, donc a priori bien serrer la rouge , et ces bouées jaune verdâtres ?

 

Tout cela par 2/3 mètres de fond , même si Mandala n’a qu’un mètre dix de tirant d’eau , d’ailleurs je toucherai doucement un banc de sable, bien sûr sans aucun dommage.

 

Sur une vague terre émergée, des troncs attirent mon attention, un coup de jumelles vers ces .. .phoques! 

Une quinzaine qui se prélassent, je suis bien trop occupé pour tenter la moindre photo.

 

Une heure pour serpenter ces 4 miles, 7 km, j’arrive à la ville, dont le quai est occupé par des bateaux de pêche, sur deux ou trois rangs, sur l’autre rive du fleuve, rien de bien engageant, je décide d’ancrer et de me rendre à terre en annexe.

 

 

Une vague digue accueille quelques canots, très peu d’eau. L’hélice du hors bord brasse la boue du fond , je finis les derniers mètres à la rame et accoste à un escalier de granit.

 

 Je n’ai guère fait attention à la marée, quand je reviens trois heures plus tard, l’annexe est... posée sur le fond , à sec! 

 

Je dois attendre le retour du flot pour regagner le bord...

 

 

 En cette fin août grisaille , pluie et fraîcheur manquent de charme, mais une bonne nouvelle vient éclaircir l’horizon : Philippe dispose d’un peu de temps pour pouvoir faire avec moi la traversée du canal calédonien, qui traverse en diagonale l’Ecosse ; depuis jeune collégien je m’interroge sur cette balafre qui barre ce territoire , ma curiosité va être comblée.

 

J’étudie les dates  disponibles, ma position, la météo, la topographie de la côte irlandaise, devant une Guiness bien sûr. 

 

La décision est rapidement prise, je vais remonter d’une traite toute la côte est de l’Irlande et donner RV à Bangor , un port à l’entrée de la baie de Belfast, Irlande du Nord, d’où nous partirons vers l’est.

 

Dommage de rater paysages et ports Irlandais, mais... 

 

 

 En dehors des dates de Philippe, il faut prendre en considération l’avancement de la saison, plus le temps passe, plus le risque d’avoir du mauvais temps augmente. 

 

Or dans cette région il est fréquent et souvent costaud. 

Je n’oublie pas qu’ensuite je devrai traverser la mer du nord, là encore il faudra tenir compte de la météo.

 

Pour l’instant un vent favorable et un peu fort me fait avancer à bonne vitesse, m’obligeant souvent à adapter la voilure. 

 

Je n’aime pas forcer le bateau, qui pourrait supporter beaucoup plus, mais il m’a chuchoté un jour qu’il était plus heureux quand ses voiles étaient équilibrées. Quant à moi j’ai remarqué que sa vitesse demeurait identique, nous sommes sur une même longueur d’onde.

 

Le dimanche 1er septembre représentera une date importante dans son histoire, puisque le traceur de carte annonce le franchissement des 30 000 miles nautiques, soit 55 560 km. C’est beaucoup, surtout en seulement sept saisons de navigation.

 

Que de moments , de milliers d’heures, aurons-nous passé ensemble, joies et plaisirs la plupart du temps, contrariétés et soucis parfois mais si j’estime un bilan , il est absolument positif et correspond à l’attente - de si nombreuses années - que j’avais lorsque ce projet n’avait pas encore pris corps.

 

Bon nombre de visiteurs sont surpris par son aspect quasiment neuf malgré la distance parcourue. Il n’y a pas de secret, une attention permanente à tout ce qui peut occasionner un dommage, l’anticipation des risques, et les réduire, sans pouvoir les éliminer, et un entretien permanent... aidé par une très bonne construction.

 

Merci au chantier Garcia et à son directeur technique Antonio.

 

 

Bangor est une petite ville de la banlieue de Belfast, sans charme ni style, mais avec un très bon port , elle sera notre point de départ vers l’Ecosse. La traversée de la mer d’Irlande devra être rapide pour être amarré à Oban , Ecosse, avant l’arrivée d’un nouveau coup de vent, qui ne nous permettra pas de débarquer en ville, et surtout de visiter sa distillerie, regrets éternels... Vu de loin , la ville avait l’air intéressante.

 

 

 

Nous sommes désormais à pied d’œuvre pour franchir le canal Calédonien.

 

À très bientôt pour ce grand moment!

 

 

Amitiés et bises

Bernard

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