De Porto Kayo à Cefalu

 Nous nous sommes quittés à Porto Kayo, dans le Magne , au sud du Péloponnèse, une belle nature sauvage, assez montagneuse, des maisons cubiques aux murs de pierre apparente forment un bel ensemble que j’aurai pourtant peu l’humeur d’apprécier.

 

 

En effet , en fin de mouillage/ancrage, le bateau s’est mis à réagir de manière inhabituelle en marche arrière.J’ai immédiatement diagnostiqué un problème d’hélice droite , les deux moteurs de mandala sont équipés d’hélices à pales orientables : lors de la navigation à voile, elles se mettent en drapeau pour offrir une résistance minimale, lors de la marche avant ou arrière les pales font un quart de tour et viennent en butée, permettant la propulsion.

 

Pour analyser le problème, je plonge avec masque et tuba, tourne les pales pour les tester et constate immédiatement le problème : il n’y a plus de butée, les pales tournent librement, de plus un interstice de 7/8 mn est apparu à la base de l’hélice.

 

Très ennuyeux, que s’est-il passé ?

 

Il va falloir sortir le bateau de l’eau pour apprécier les dégâts et tenter une réparation, ce qui nécessite une sorte de grue mobile très large donc peu répandue.

 

Mon choix , entre deux seulement se fait pour Preveza, un port au sud de l’île de Corfou, à 220 miles, 400 km d’où nous sommes, nous donc voilà immédiatement repartis après une escale de deux heures...pour une navigation à marche/voile forcée vers le chantier naval.

 

Inutile de préciser que mon moral n’est pas au beau fixe, que se passe-t-il avec cette hélice ? Est-ce réparable, faudra-t-il la changer, ou simplement un réglage ?

 

Pour l’instant elle est inutilisable, seul le moteur gauche peut nous faire progresser, et les manœuvres de port avec un seul moteur sont très hasardeuses.

 

Un peu de vent aidera notre progression, aidé par le genacker, cette grande voile d’avant de surface double du foc habituel.

 

Une heureuse et si inhabituelle surprise vient de la capture d’un thon de 6/7 kg, François le remontera, Christine le filètera, il sera dégusté de toutes les façons ,je ferai quelques bocaux de conserve à savourer plus tard.

 

En début de nuit , nous arrivons à METHONI , dont je connais la baie , cela facilite un mouillage nocturne. 

 

Le lendemain, le soleil éclairera les remparts du château franc et de la tour byzantine, leur visite sera pour une autre fois. 

 


 

Rapidement un vent favorable venant de l’arrière nous pousse vers notre destination, malgré des conditions musclées, le (bon ) repas de midi sera servi à table, couvert mis, alors que dans un monocoque le bateau serait gîté/penché et le repas servi dans des bols, avantage du catamaran.

 

 

Bonne progression dans ce vent, même si le temps devient noir avec une fraîcheur inhabituelle, des rafales un peu menaçantes nous trouvent dans le port assez bien protégé de Zakynthos. Très belle île , à voir, pour nous une autre fois.

 

Puis la longue étape vers Preveza 80 mn, 140 km sera plus paisible, du moteur entre les îles de Cephalonie et Ithaque, puis nous envoyons le grand foc d’avant, et finissons les voiles en ciseau , l’une d’un côté, l’autre de l’autre, pour le plus bel effet et une bonne efficacité.

 

Mouillage à PREVEZA , qui est à l’entrée d’un très grand golfe marin , dont les rives cultivées donnent l’impression de naviguer en Normandie.

 

  

Jeudi 5 , le chantier choisi sort le navire avec un travlift, une très grosse structure motorisée (voir la taille des roues ) qui s’avance sur deux quais entre lesquels un bras de mer de 8 m de large 30 m de long permet au bateau de s’approcher , il est immobilisé par quatre amarres, et les sangles qui ont été immergées avant son arrivée vont le sortir de l’eau.

 

C’est assez technique, malgré une apparente simplicité, une erreur de calage serait catastrophique, ils sont rodés, ça se passe très bien.

 

Mandala est ensuite déposé sur un chariot qui va l’emporter sur son aire de stationnement, tout cela se fait à très faible vitesse 3 km/h une personne de chaque côté guide le conducteur qui ne voit pas grand chose.

 

Il est posé sur quatre tranches de bois , nous allons pouvoir analyser la situation.

 

Étude de la doc technique, tel à l’importateur en france nous permettent de comprendre le problème : deux vis internes à l’hélice se sont dévissées, le bloc hélice a un peu reculé, d’où la panne, bonne surprise , rien ne semble abîmé, donc démontage, nettoyage, dégraissage, remontage regraissage et réglage du pas , en suivant les conseils.

 

L’autre hélice bénéficiera des mêmes soins et le lendemain mandala retrouve son élément, et Bernard un meilleur moral...

 

 

Cet événement un peu imprévu nous a conduit beaucoup plus au nord que je ne le prévoyais, car je pensais longer la côte sud de la Sicile . Mon plan doit  être modifié , ce sera un passage par le détroit de Messine, entre la pointe de la botte et la Sicile puis sa côte nord , le plus court trajet vers l’ouest que je souhaite atteindre.

 

 

Nouvelle longue traversée, 265 miles, 480 km en deux jours et 15 heures, nous aurons un peu de tout, moteur, voile , genacker, prise de ris dans une survente bien temporaire...

 

Dans le détroit, des kytesurfeurs viennent nous saluer.

 

Amarrage l’après-midi dans le port de REGGIO DE CALABRE , descente à terre, ça fait du bien, il est dimanche, il fait beau, tout le monde est dans les rues et déambule , bon enfant.

 

Vers l’ouest , dans les nuages , à demi couvert de neige, l’Etna.

 

 

François suggère une escale à l’île de Vulcano, pour s’y rendre , dans le chenal nous devons laisser le passage libre aux cargos et si nombreux ferrys entre continent et l’île, un rond point obligatoire est même présent sur les cartes pour éviter les collisions .

 

Quelques dauphins passent près sans s’arrêter, puis trois bateaux de pêche typiques de la pêche à l’espadon, une vigie en haut d’un immense mât , d’où le guet est fait , et devant un TRÈS long bout dehors ( bien regarder la photo) d’où est lancé le harpon, mais ce jour-là, pas de pêche.

 

Vers le nord , le Stromboli fume doucement.

 


 

Après la perte de plusieurs leurres de pêche, par des poissons trop gros, perte originale aujourd’hui: un bateau des gardes côtes passe si près de notre arrière, une trentaine de mètres, qu’il arrache une des lignes, merci.

 

À Volcano, notre faible tirant d’eau nous permet de nous approcher de la côte, près de nous , des sources sous-marines d’eau chargée de soufre parfument l’atmosphère,des bulles et un geyser jaillissent un peu partout, un bain de boue , près de la plage serait bon pour la peau., plages de sable noir.

 

Joli village, jardins, plantations, vergers poussent sur cette riche terre ,mais le tourisme est une ressource bien plus intéressante.

 

Le volcan nous surveille de ses 350 m de haut, dernière éruption, il y a un siècle.

 

Son ascension sera une belle balade parmi les genêts aux fleurs odorantes, en haut une végétation rabougrie survit.

 

Un cratère bien rond, des fumerolles un peu partout, à un endroit les vapeurs sulfureuses prennent à la gorge et piquent les yeux, nous n’avons pas pris le sentier qui les évite. Des capteurs surveillent une éventuelle reprise d’activité.

 

 

Quelques heures le long de la côte Nord nous permettent d’apercevoir le paysage, des villages perchés, de grosses collines boisées.

 

Nous ancrons près d’un port de pêche et de la ville de CEFALU.

 

 

Départ des bateaux au coucher du soleil, retour le lendemain dans la matinée, la pêche , des sardines, est traitée dans une conserverie sur le port.

 

Nous sommes au pied d’une grosse colline, 320 m, d’origine volcanique encore, très abrupte, habitée depuis des millénaires, un château y a été construit, plusieurs fois remanié . Une ruine de type cyclopéen y subsiste.

 

Après une visite de la ville, très pittoresque , nous y grimperons, bien sûr vers midi, mais la canicule est loin d’être là , les températures de l’air 18/22° et de l’eau 20° sont bien basses pour la saison.

 

De belles vues vers les toits de tuiles, les maisons, églises et cathédrale .

 

 

Un cortège d’écoliers marche derrière une pancarte qui dénonce la mafia, significatif , pourtant tout parait si paisible.

Ah les apparences...

 

François et Christine quitteront Mandala ici, prenant le train vers l’aéroport de Palerme, d’où ils rentreront en France.

Je les remercie beaucoup de tout ce qu’ils m’ont apporté par leur expérience leur assistance et leur présence.

 

Tandis que le navire poursuivra sa route vers l’ouest, et sera l’objet d’un envoi dans... disons deux semaines.

Bernard ne te relâche pas ! 

 

Merci de votre lecture et de vos messages, je vous souhaite un bel été.

 

Amitiés et bises.

Bernard

 

Photo d’une acanthe , oui les chapiteaux antiques, une plante que j’aime bien.

 

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